Enfermement des volailles : le Civam prend position pour les élevages paysans de plein-air

Depuis l'arrêté ministériel du 4 novembre 2021 dernier, tous les élevages de volailles de France métropolitaine se doivent d'enfermer leurs animaux, le ministre de l'Agriculture ayant requalifié à la hausse le risque lié au virus de la grippe aviaire. Pour lutter contre sa propagation, un mot d'ordre : empêcher tout contact avec la faune sauvage, et enfermer toutes les volailles. Alors que le premier foyer français du virus de cet automne concerne pourtant un élevage industriel de 160 000 volailles en bâtiment, les normes de biosécurité se positionnent comme référence indiscutable, tout en accordant une sécurité extrêmement relative. Les conséquences sont désastreuses pour les élevages paysans de volailles plein air qui ne sont ni les responsables, ni les plus à risque.

À la suite d'une mobilisation régionale des éleveurs de volailles plein-air ce lundi 6 décembre à Pontivy dans le Morbihan, le président du Civam 29 Gilles Jacob s'est exprimé pour dénoncer les méthodes employées pour lutter contre la propagation de l'influenza aviaire. Vous pouvez retrouver cet entretien accordé à la radio Alouette en cliquant ci-dessous :

Le réseau national du Civam a également pris position pour défendre les élevages de volailles plein-air le 23 novembre dernier, par le biais d'un communiqué de presse que vous pouvez trouver juste ici.

Ce dernier rappelle, à juste titre, que les méthodes employées pour lutter contre la propagation de l'Influenza aviaire mettent considérablement de côté les risques liés aux élevages de masse : la faible diversité génétique, les traitements prophylactiques, une forte densité d’animaux sur un petit espace géographique, une fragmentation extrême de la production avec des sites distincts pour la naissance ou l’abattage des bêtes, les circuits de commercialisation mondialisés qui multiplient les possibilités de diffusion des pathogènes.

Le rôle de la faune sauvage a, quant à lui, été reconsidéré par l’élaboration de nombreuses études, dont diverses études de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) qui a plusieurs fois souligné que le risque pour que les oiseaux migrateurs entrent en contact avec un parcours plein air de volaille était minime, du fait du faible attrait des parcours densément peuplés.  Dans un de ces rapports de mai 2021, « la propagation du virus lors de l’hiver 2020 aurait été largement facilitée par les  mouvements entre élevages et la «densité » de ces derniers (Reporterre).

À cela, il faut ajouter l’impasse sur les engagements de qualité de production des différents labels auprès du consommateur, et légitime la tromperie de ce dernier. (Voir l’article d'octobre de l'Humanité  "Le bon oeuf de plein air, c'est bientôt cuit") Si certains consommateurs s’étonnent de ne plus voir de volailles à l’extérieur, comme ils en avaient l’habitude, beaucoup ne seront même pas informés que les œufs « plein air»  ou les volailles fermières qu’ils achètent par conviction sont désormais le produit d’animaux qui ne voient plus le jour.  Un état de fait qui va à l’encontre des attentes globales de la société citoyenne et des consommateurs vers plus de transparence dans les modes de production et de garanties en matière de bien-être animal.

Cela fait désormais plusieurs mois que le Civam du Finistère porte un double travail de fond et de veille sur ces questions de normes de biosécurité appliquées aux élevages de volailles et porcs. Un document d'étude historique récapitulatif a notamment été produit à l'occasion de l'Assemblée générale de juin 2021 et peut être retrouvé à l'onglet "nos publications" de ce site internet.

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